Dominique Anract : “Rassemblons-nous pour promouvoir la boulangerie de demain”

Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française

Une tribune du président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française

« Non, la boulangerie artisa­nale n’est pas morte. Mais elle doit évoluer, cette crise nous y oblige. Les arti­sans doivent se rassembler pour promouvoir la boulangerie artisanale de demain, eux qui offrent quotidiennement à 12 millions de Français des produits de qualité. C’est d’ailleurs l’une des raisons de l’inscription récemment des “savoir-faire artisanaux et de la culture de la baguette de pain” au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Nous devons expliquer la réalité de notre métier, non seulement pour obtenir des aides adaptées de la part des pouvoirs publics, mais aussi pour que nos clients comprennent la nécessité – vitale pour nos entreprises – d’augmenter le prix de nos produits. Sans aide face à l’envolée specta­culaire des coûts de production, sans juste rémunération de notre savoir-faire artisanal, il n’y aura plus 33 000 boulangeries en France demain.

« Sans aide face à l’envolée spectaculaire des coûts de production, sans juste rémunération de notre savoir-faire artisanal, il n’y aura plus 33 000 boulangeries en France demain »

Les manifestations de boulangers dans la rue témoignent de l’immense inquiétude de bon nombre de collègues face à la situation exceptionnelle que traverse la profession. Après la hausse du coût des matières premières ; nous subissons celle des prix du transport, des emballages, des loyers, du gaz et de l’électricité.

Nous avons obtenu du gouvernement des aides adaptées : bouclier tarifaire, amortisseur électricité, guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité, report du paiement des impôts et des cotisations sociales, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi que les tarifs reflètent nos coûts de production­s et notre travail. Pour pérenniser nos entreprises, une revalorisation raisonnable des prix de tous nos produits, de l’ordre de 5 à 10 %, est aujourd’hui indispensable. Celu­i de la baguette n’a augmenté que de 23 centimes en vingt ans ; le tari­f du pain français est celui qui a connu le moins de hausse en Europe.

Il faut rappeler la valeur du pain et du travail artisanal. Cela est d’autant plus important que les enseignes de la grande distribution rivalisent d’ingéniosité dans leurs campagnes promotion­nelles, faisant du pain en général et de la baguet­te en parti­culier, un levier pour attirer les consommateurs.

La boulangerie de demain se trouve au cœur des enjeux de société. Nous fabriquons “maison”, nous formons 29 000 apprentis par an, nous embauchons trois fois plus que les grandes et les moyennes surfaces. Nos entreprises sont implantées dans tous les territoires. Nous animons les centres-villes et les villages. Proximité et lien social sont nos forces !

Les périodes de crise appel­lent à un questionnement sur l’avenir. Pour perdurer, le secteur doit évoluer. Il s’agit d’un combat collectif que nous devons mener ensemble, unis au service de notre profession et de nos clients. À cet effet, la Confédération met en place une cellule de crise afin que les entreprises en grande dif­ficulté puissent être accompagnées (la contacter au 01 53 70 16 25). »

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